11 septembre 2011

La piel que no quiere habitar.


Il est une expérience rare et unique que de vivre un film comme on peut vivre « La Piel que Habito ». La dernière réalisation d’Almodovar nous ensorcèle malgré nous par son spectacle délicieusement perturbant.
Tout repose dans le mélange subtile et fragile entre esthétique parfaite et sordidité absolue. Une relation contradictoire entre forme et fond, aussi bien dans la tonalité du film qu’au sein même des personnages.
Antonio Banderas incarne avec une intensité fascinante le rôle d’un chirurgien plastique sérieusement rongé par le désir de vengeance et la folie scientifique. Derrière son apparence minutieusement soignée, caché dans le confort d’une maison aussi magnifiquement contemporaine qu’étrange, ce fou moderne expérimente jusqu’à créer un être aussi parfait que lui-même. A son image; son œuvre, son jouet, l’objet de son désir.
  Elena Anaya, visage de la création en question, captive au même titre que le créateur. L’actrice interprète avec une force délicate ce rôle pour le moins atypique.  La beauté artificielle du personnage – mais réelle de l’actrice - étouffe la réalité, effaçant toute trace du passé. Détestée et adorée, torturée mais soignée,  prisonnière mais non dépourvue de contrôle, vivante mais inexistante.
Perdro Almodovar s’est particulièrement appliqué sur les détails qui créent les personnages et ce de façon si substantielle que leur crédibilité effraie.
L’horreur de l’histoire ou des histoires se vaut, si bien qu’elles paraissent irréelles, même inconcevables.
Ce qui rend le film perturbant, c’est qu’il nous met face à face avec l’horreur de la société et de l’être. Nez à nez avec ce que nous préférons ne pas imaginer. Il nous rappelle que ce que nous ne voulons pas voir, ce sur quoi nous choisissons délibérément de fermer les yeux.
L’enjeux est lourd mais rendu moins insupportable par quelque touches d’humour Almodoviennes, signature emblématique du cinéma espagnol.






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